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L'hypocalcémie subclinique ou la forme silencieuse de la fièvre de lait

On parle de plus en plus, dans les revues scientifiques et professionnelles, d’hypocalcémie subclinique, son incroyable prévalence et ses conséquences désastreuses. Faisons le point sur ce trouble et comment le prévenir.
Hypocalcemie subclinique
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L’hypocalcémie subclinique, c'est quoi ? 

L’hypocalcémie subclinique est la forme silencieuse, non symptomatique de la fièvre de lait. Elle se caractérise par une baisse de la calcémie (taux de calcium dans le sang) en dessous de 80 mg/l. La difficulté réside dans l’identification de cette maladie sans signe visible à priori.

Le nombre de vaches concernées est spectaculaire. En effet, jusque 72% des vaches en 4éme lactation. Cependant des différences existent selon le nombre de lactation. Comme le montre une étude récente (Mullimann, 2017), les primipares sont en général moins concernées puisque 16% des vaches semblent impactées par l’hypocalcémie subclinique. Mais cette prévalence augmente vite avec le nombre de lactation. Les vaches en 2ème lactation sont 52% à être concernées et près de 72% pour les vaches en 4ème lactation. Cela veut simplement dire qu’à partir du deuxième veau, plus de la moitié des vaches laitières françaises sont concernées !

Si on regarde un peu hors de nos frontières, l’Allemagne et les USA ne semblent pas en reste. En effet, selon les études, la prévalence de ce trouble serait comprise entre 23% et 55% des vaches en Allemagne et entre 41% et 50% aux USA. 

 

Trouble

Agumentation de la fréquence d'application

Source
Mammite x 8 Mulligan et al., 2006
Cétose x 5,5 Rodrigez et al., 2016
Métrite x 4,3 Rodrigez et al., 2016
Rétention placentaire x 3,4 Rodrigez et al., 2016
Retournement de caillette

x 2 à 3

x 3,7

Mulligan et al., 2006

Rodrigez et al., 2016

Dyctocie x 3

Mulligan et al., 2006

Tableau 1 : augmentation de la fréquence d'apparition des troubles du début de lactation liés à l'hypocalcémie

Les conséquences de l'hypocalcémie sur les vaches

L’hypocalcémie en elle-même ne provoque pas de signe clinique, mais elle possède de nombreuses conséquences négatives : baisse d’appétit, stress, baisse de production ou encore troubles de la reproduction. Dans l’étude publiée par Nydam and Cornell, le taux de réussite en 1ère IA est de 63% pour le groupe témoin et tombe à 31% pour les vaches avec une hypocalcémie (< 80 mg/l).

Maintenant bien connue, l’hypocalcémie favorise l’apparition de troubles du début de lactation. Elle multiplie par 8 le risque de mammites et par 5,5 le risque de cétose. Mais pas uniquement, les chercheurs ont montré un impact sur la métrite, la rétention placentaire, le retournement de caillette et les vêlages difficiles (cf Tableau 1).

Ceci est lié à l’impact négatif de l’hypocalcémie sur le tonus musculaire et l’immunité. Certains vétérinaires estiment que l’hypocalcémie subcliniqueserait 4 fois plus couteuse que la fièvre de lait déclarée (GTV 2017).

Pour les éleveurs souhaitant réduire le risque d’hypocalcémie, plusieurs conseils peuvent être mis en œuvre. Tout d’abord, attention à l’état corporel des vaches : autour de 3 au tarissement, pas de reprise d’état durant la période sèche.

Vache laitière en bâtiment
 
 
 

L’éleveur doit également travailler une ration vache tarie avec une BACA négative (balance anions-cations) ou du moins la plus proche de zéro possible. En effet, en pratique, une BACA négative est compliquée à atteindre. Attention aux fourrages utilisés, certains comme les ensilages d’herbe et autre foin riche en trèfles apportent une BACA élevée. Pour ces rations, pensez à utiliser des minéraux ou des nutritionnels spécifiques avec une BACA très négative (inférieure à -3000 mEq)

Pour sécuriser les vaches à risques, les éleveurs peuvent en plus apporter une dose orale de calcium dès les premiers signes du vêlage : calcium 

liquide, bolus,... Dans ce cas, prendre soin de distribuer 50 g de calcium par application, sous une forme hautement assimilable (formiate, chlorure, 

acétate, pidolate,). Voici le portrait-robot de la candidate idéale : > 3 lactations, haute productrice, historique de fièvre de lait ou dernier vêlage difficile.

On apporte aussi parfois du phosphore dans ces solutions, l’hypophosphatémie accompagnant souvent l’hypocalcémie. On peut également associer le calcium à la vitamine D3 qui facilite l’absorption du calcium.

 

 

 

NEC A 250 jours de lactation 2,75
Au tarissement 3
Au vêlage  3, pas de reprise d'état pendant le tarissement
Composition de la ration Quantité de calcium ingérée (g/j) < 30
P (%) <0.3% de MS 
Mg (%) 0,3 à 0,4% de MS
K (%)  < 1,8% de MS
BACA

-100 à -150 mEq / kg MS

(en pratique, 0 à 50 Meq / kg MS) 

Incidence des troubles de santé chez les multipares Rétention placentaire  < 10%
Retournement de caillette  < 3% 
Vêlages difficiles < 10%
Fièvre de lait clinique  < 5%

Tableau 2 : prévenir l'hypocalcémie subclinique (Mulligan et al., 2006)

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